Brève d'espoir limité
CAPITAINES D'AVRIL.- Chaque année, en avril, le 25 pour être précis, on fête un petit miracle au Portugal : la Révolution des Œillets. Il y a 51 ans donc, en 1974, à 0h20, un chant interdit diffusé à la radio déclenche la plus pacifique des révolutions (quatre morts officiels au compteur). Les soldats du Mouvement des Forces Armées et leurs officiers marchent sur Lisbonne et les points stratégiques du pays. Le peuple à qui on a pourtant enjoint de rester à la maison les accueille dans la rue avec des œillets et en quelques heures, le régime fasciste et colonial de l'Estado Novo s'effondre. C'est le ras-le-bol de l'armée coloniale (l'armée de terre) qui renverse le régime, ramène la paix par la désintégration de l'empire, provoque des élections et permet la rédaction d'une nouvelle constitution, plébiscitée deux ans plus tard. On se prendrait à rêver que nos propres forces armées (pas les CRS ni la police qui sont gangrenés par l'extrême droite) dans un accès de lucidité et de dignité nationale, se fâchent un bon coup et déposent sans coup férir le président illégitime et toute la classe dirigeante européiste et corrompue avant que ça ne tourne vraiment mal. Mais on aura sans doute la résignation des œillères avec des militaires bornés par les institutions qui ne peuvent imaginer ni soutenir un changement de régime et un retour de souveraineté populaire, même s'ils sont 9000 retraités de la Grande Muette à signer « un appel au Parlement demandant de prendre le contrôle des actions d’Emmanuel Macron et du gouvernement sur l’Ukraine » . On n'est pas près d'avoir un Thomas Sankara, ou même un António de Spínola, à l'Etat major, mais au moins on n'enverrait aucune troupe faire des excès de Zelensky. Luigi Pastor.

À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.