29 mai : quelques leçons
Brefs rappels historiques. France, 29 mai 2005. Après des mois de campagne référendaire au sujet du Traité constitutionnel européen (TCE), à la fois marqués par un matraquage inouï des ouiouistes dans quasiment tous les médias bourgeois et une campagne citoyenne de terrain non moins inouïe pour s’informer et débattre de ce sujet complexe et crucial, les nonistes l’emportent avec près de 55 % de non et une participation de près de 70 %.
Château de Versailles, 4 février 2008. Les parlementaires réunis en Congrès rectifient la mauvaise réponse donnée par les Français et approuve un avatar de ce TCE sous l’appellation de Traité de Lisbonne à 75 % (avec 17 % d’abstention).
Ce fut le dernier référendum auquel le peuple français fut convié. Ce fut sans doute aussi l’occasion pour la gauche de se découvrir un clivage structurant autour de la question de la souveraineté nationale, et donc de la démocratie. L’espace politique ouvert par cette clarification donnera notamment lieu à la naissance du NPA (par auto-dissolution de la LCR) et à celle du PG (sous la houlette de Jean-Luc Mélenchon après sa rupture avec le PS). L’obscénité de ce déni démocratique fut peut-être aussi un marche-pied pour le Front national (qui se disait alors eurosceptique).
Un événement historique, donc. Un tournant dans l’histoire politique de la France. À n’en point douter. Dont on peut tirer quelques leçons.
Primo, le peuple français, qui est un peuple fondamentalement politique (n’en déplaise aux droites qui le fantasme ethnico-religieux), est capable de produire de l’intelligence individuelle et collective sur des sujets éminemment complexes.
Secundo, toute la force de frappe médiatique de la bourgeoisie ne suffit pas à dompter le peuple français ni à faire taire ses aspirations démocratiques, sociales et émancipatrices.
Tertio, le peuple français a des capacités de mobilisations et d’auto-organisation tout à fait spectaculaires lorsque les enjeux lui semblent importants, et il sait se montrer à la hauteur dans des moments historiques.
Grâce au 29 mai, nous savons. Alors n’oublions pas. De quoi nous sommes collectivement capables. Ce que nous avons su faire dans le passé, nous pouvons le refaire dans l’avenir.
Maintenant, il ne s’agit pas d’attendre la prochaine bouillie constitutionnelle issue des arrières-cuisines d’une bourgeoisie en déroute, mais de prendre l’initiative pour un processus constituant démocratique avant que la Cinquième République n’ait le temps de nous montrer par l’exemple toute l’étendue de son potentiel mortifère.

À propos de l'auteur(e) :
Un radis noir
Être radical, ce n’est pas être extrémiste ni fanatique : c’est s’intéresser à la racine des choses… À la racine des mots, pour pouvoir aiguiser les idées et les concepts… À la racine des maux, pour pouvoir espérer y remédier.