Mode sombre

Ou le dernier tour de piste...

Jean-Marie Bigard me fait rire. Des fois. Pas tout le temps parce que c’est un peu répétitif cul, bite, couille et enculé. Mais des fois, il est bon. Et c’est quand même un ancien pauvre qui a des engagements de charité. Il fait du bien… Il a soutenu les Gilets Jaunes en expliquant qu’une partie de la population galère grave même quand elle travaille.

Hélas, sa portée politique s’arrête là. Un peu moins d’injustice... Vous me direz, c’est déjà ça dans un paysage où ses collègues observent un silence assourdissant. Mais franchement, ça va pas suffire. Il ne suffit pas d’avoir bon cœur, il faut avoir un peu de « gadin « , c’est à dire un peu d’esprit d’analyse.

Son éventuelle candidature à la présidentielle de 2022 veut qu’on fasse un parallèle avec Coluche. Un parallèle abusif... car l’humour décapant de Coluche savait mettre le doigt sur les failles et le fonctionnement pervers du système. Il suffit de se rappeler ses sketchs sur la publicité, sur les médias, sur le racisme ou sur la police. Mettre le doigt sur les rouages et l’idéologie du pouvoir est un acte de résistance dans le sens où il contribue à l’éveil des consciences populaires... Ce type était dangereux pour l’ordre établi.

Notre Jean-Marie est loin de représenter un quelconque danger pour ceux qui tiennent le manche. Dans son chant d’amour universel, Hanouna, Ruquier et compagnie voisinent avec les Gilets Jaunes et les pauvres. Son cœur est grand. Et sa transgression d’humoriste se limite au chant sexuel c’est à dire sociétal comme c’est la mode dans laquelle les partis et groupes « contestataires » se perdent sans égratigner d’un poil le pouvoir qui joue la même partition.

J’imagine combien nous aurions rigolé avec Coluche sur les vegans attaquant le boucher du coin, sur les transgenres à hésiter entre les sexes et l’écriture inclusive hissée au rang d’arme féministe etc... et aussi à l’Islam de la Charia et son mariage des filles de neuf ans.

Bref, Jean-Marie, tout sympathique qu’il soit ne fait pas la maille et d’ailleurs, le bon sens populaire vient de le rejeter dans l’eau de ses intérêts bien compris, ceux des bourgeois. Car figurez-vous qu’une diatribe contre les forces de l’ordre a écorché son petit bon sens.

Indigné le Jean-Marie : « Ah ! Ben non ! Les flics ne sont pas des nazis et ils ne sont pas tous pourris. Pisse que c’est ça, je ne manifeste pas avec Jérôme et les GJ le 12 ! »

Mais Jean-Marie, on s’en fout que tu manifestes ou pas ! Tu fais bien comme tu veux... On n’a pas attendu après toi. Et si tu avais eu un gramme d’intelligence et surtout de méfiance vis à vis des propos que rapportent les médias, tu aurais téléphoné à Jérôme pour comprendre. Et tu aurais été visité le site de policiers carrément racistes et à logos nazis. Parce que la police, c’est aussi ça. Ceux qui choisissent de résister dans l’appareil policier sont exclus, placardés ou se suicident.

Mais tu es un chaud-bouillant et tu ne réfléchis pas longtemps. C’est pourquoi tu viens de perdre 80% de ta crédibilité populaire. Ta course à l’Elysée est dans le trou. Et tu viens de te faire virer du cortège ! Ben oui, si le bon sens nous fait admettre que les forces de l’ordre ne sont pas tous des salopards, nous sommes bien obligés de constater qu’ils le cachent bien. Après les éborgnés, les manchots et les morts, notre degré d’empathie vis à vis des défenseurs d’un ordre qui n’est pas le nôtre se réduit à peau de chagrin. Et fais quand même gaffe à ce que tu vas dire car le populaire pourrait te réserver le même sort qu’à Dubosc.

Faut pas jouer avec nos nerfs et faut pas oublier que nous avons un cerveau.

Quand la chaussure est trop grande, il faut savoir rentrer peinard dans ses pantoufles.

Bon nombre d’hommes politiques auraient pu faire de la scène mais l’inverse n’est pas forcément vrai...

 

L’irrévérencieuse


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À propos de l'auteur(e) :

L'irrévérencieuse

Rombière réfractaire et iconoclaste, sage comme un orage et qui puise ses forces dans la fraternité.


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