Mode sombre

Personne à Libres Commères n’a oublié la plume un poil surréaliste de Benjamin Alison. Ce garçon a toujours un compte à la rédaction et la porte reste ouverte mais Benjamin est pas mal occupé par ce qui reste sa passion: le théâtre. Comédiadol’arte l’a engagé comme metteur en scène pour « Funérailles d’hiver » d’Hanokh Levin. Le Miradole lui a tendu la perche. Micro…

LE MIRADOLE.- Où as-tu trouvé ce Levin?

BENJAMIN ALISON.- J’aime beaucoup la plume acérée d'Hanokh Levin, j'avais monté une pièce de lui à Dijon il y a quelques années. J'ai donc proposé à Comédia dol'arte, dès mon arrivée, que nous travaillions sur un de ses textes. C'est un auteur drôle, intense, vrai, qui n'a pas peur de parler de la mort et du rapport que les humains entretiennent avec celle-ci. Le tout en étant très léger !

LE MIRADOLE.- Et pourquoi cette pièce en particulier?

BENJAMIN ALISON.- Cette pièce est puissante. Passés les rires, on s'aperçoit bien vite que le sens est universel. Après quoi court-on? Est-ce qu'on fuit? Est-ce qu'on cherche quelque chose ?

LE MIRADOLE.- Vous aller jouer en forêt de Chaux. C’est une idée à qui?

BENJAMIN ALISON.- Le lieu est une proposition de la compagnie. J'y ai vu du sens, dans la mesure où le texte se prête aussi à une entrée dans notre forêt intérieure.

LE MIRADOLE.- Et cette question essentielle sur la réussite qu’on peu lire sur le flyer de présentation?

BENJAMIN ALISON.- La question de la réussite est une question que tout le monde entend comme il le souhaite. J'aime à penser qu'au soir de nos vies on se demande ce qui nous aura rendu encore plus vivant. Mais, étant donné que la peur peut nous envelopper, il nous arrive parfois de considérer que nous avons un objectif. Qu'il soit matériel, qu'il s'agisse de réussite sociale, nous sommes tous un peu perdus entre le regard de l'autre et nos désirs. Et cette vie qui se déroule ! On oublie le temps réel pour le remplacer par un temps efficace, économique. La vie nous rappelle souvent que nous ne maîtrisons pas grand chose. Cette pièce en parle à merveille!  

LE MIRADOLE.- Mais rassure-moi, c’est une comédie tout de même?

BENJAMIN ALISON.- Oui, c'est une comédie ! Une comédie acide et riche de sens, mais une comédie. La mise en scène est à mi-chemin entre une mise en perspective et un rappel que rien ne se fait sans nos corps. J'ai voulu que les comédiens nous racontent plusieurs histoires: Celle du texte, celle des corps qui s'expriment, celle de nos masques sociaux, et celle de nos vérités enfouies. Je suis très content du travail des comédiens.

LE MIRADOLE.- Et tu les fais courir? Et pourquoi est-ce qu’on court tant, nom d’un âne? Dans la pièce et dans la vie?

BENJAMIN ALISON.- Il y a autant de raisons à la course qu'il y a de manières de courir ! Au fond je crois qu'on fuit l'inexorable, parce qu'on ne supporte plus l'idée d'être faillible, mortel. Mais c'est probablement, avec l'amour,  ce qu'il y a de plus beau! On devrait danser au lieu de courir. Eros et Thanatos nous invitent à une valse, et nous on préfère fuir. On court parce qu'on croit que le bonheur se trouve partout sauf en nous-mêmes. Le bonheur est pourtant juste sous nos yeux, dans ce lien invisible qui nous relie aux autres.

LE MIRADOLE.- C’est ta première année avec Comédiado’arte, comment as-tu trouvé le travail avec eux en dehors du fait qu’ils sont très bien?

BENJAMIN ALISON.- J'ai trouvé l'annonce sur un site nommé "théâtre-contemporain.net". J'étais déjà venu voir le travail de Comédia et j'espérais que ça fonctionne car j'ai un grand respect pour cette compagnie. Il y a une grande exigence, tout le monde peut participer et entrer dans cette famille, il y a l'ambition de servir de grands textes, de s'ouvrir à de multiples façons de travailler. Et les comédiens ont un immense talent !

LE MIRADOLE.- Combien de comédiens pour « Funérailles »?

BENJAMIN ALISON.- Il y a 12 comédiens sur ce spectacle.

LE MIRADOLE.- Une préparation particulière? 

BENJAMIN ALISON.- Nous avons travaillé sur le geste, la situation, les corps. Cela a nécessité une certaine préparation physique !

LE MIRADOLE.- As-tu renouvelé leur manière de jouer?

BENJAMIN ALISON.- Je ne sais pas, il faudrait leur demander ! Je ne pense pas que ce fut une révolution, mais chaque metteur en scène ayant sa manière de faire et de voir les choses, je crois qu'on se renouvelle en permanence.

LE MIRADOLE.- Bon, on y sera mais tu reviens quand tu veux.

 

« Funérailles d’hiver », Baraques du 14, La Vieille Loye, vendredi 12 et samedi 13 mai, 20h30 et dimanche 14 mai, 19h30, tarifs: 10 euros, pass 2 spectacles (Lysis et Strata d’Aristophane en juin à Dole et Malans), réservations: 06 64 89 76 35.


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