Mode sombre

A Dole depuis novembre 2022 de nombreux demandeurs d’asile, qui ont décliné le retour aidé dans leur pays, se sont vu attribuer des ordonnances de quitter le territoire (OQTF), des injonctions de quitter le logement de leur hébergeur sinon appel à la force publique pour les expulser, des assignations à résidence et l’interdiction de revenir sur le territoire (IRTF).

De plus à Dole, le plan d’urbanisme prévoit la démolition de la tour du 103 rue Blaise Pascal en particulier, où se trouvent logés des demandeurs d’asile, certains déboutés du droit d’asile ou d’autres encore engagés dans des procédures de recours. Ce sont les mêmes situations d’autres bâtiments du quartier des Mesnils Pasteur.

Lorsque GD Habitat est interrogé sur le relogement des personnes du 103, le GD Habitat répond « tout le monde sera relogé » mais lorsqu’il est précisé « même les demandeurs d’asile ? » alors la balle est renvoyée au seul bailleur reconnu qui est l’hébergeur d’urgence, qui lui n’offre aucune alternative d’un toit.

N’étant pas locataire de leur logement, les demandeurs d’asile ne bénéficient pas des règles de relogement.

La mise à la rue sèche de ces vies, déjà nues, interrompt toute perspective, brise des scolarités, rompt des suivis médicaux ou de soin, met à mal des liens et des repères tissés autour de soi.

Comment fera Mme O., seule avec 2 filles dont l’aînée (8 ans) souffre de troubles de la personnalité et qui avec sa sœur (4 ans) sont énurétiques. Comment fait-on dans la rue avec des enfants, comment les mettre à l’abri, en sécurité, faire les soins nécessaires ?

Comment peut-elle accepter son renvoi au Nigéria, elle qui a fui l’excision programmée de sa fille, est venue en France pour la mettre à l’abri ? Comment peut-elle accepter que le préfet lui dise dans un courrier que sa fille aînée peut être soignée dans son pays ? Il y a, à ce jour, 250 psychiatres au Nigéria pour 210 millions d’habitants !

La mise à la rue de familles entières avec des enfants en bas âge ne semble inquiéter que les militants d’associations qui accompagnent ces personnes, en quête de travail, d’élever leurs enfants et reconstruire leur vie à Dole.

La mise à la rue est une indignité qui nous entache tous, c’est une atteinte à notre lien de solidarité et de sociabilité. 

Les deux derniers commissaires de la république du Jura, se sont fait un « devoir » de ne pas recevoir les associations citoyennes laïques, en ce qui concerne leur soutien aux demandeurs d’asile sans titre de séjour.

Où l’on voit la confusion qui est faite de traiter le droit d’asile dans une logique de politique migratoire au lieu de le traiter dans une logique de protection qui est le fondement du droit d’asile. Cette orientation s’écarte d’un réfugié à protéger pour se focaliser sur un demandeur d’asile à écarter dès les frontières et ensuite à partir de son installation sur le territoire français.

Cette notion agressive de l’asile a été « adoucie » par les législateurs en novembre 2012, qui donnait aux préfets la latitude traiter les demandes d’asile avec plus de proximité, de compassion et d’humanité, et au cas par cas.

L’hospitalité reste la seule activité humaine qui échappe à la rentabilité. C’est un geste de compensation, de mise à égalité et de protection, pour l’étranger qui n’avait pas, à l’origine, de place dans notre société.

Aussi disons tous ensemble que cette politique de l’asile qui est faite en notre nom, n’est pas la nôtre. Disons- le samedi 20 mai, sur le parvis de la mairie de Dole , de 10h00 à 12h00.

Disons- le que nous exigeons le relogement pour tous sans distinction de statut, et que nous n’acceptons pas que l’on mette des enfants à la rue.

Samia Coupat.


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