Mode sombre

Voici l’édito du numéro de juin qui vit sa vie mais dont il reste quelques exemplaires à la Fleur de Sel.

Si la casserolade peut sembler la seule manière de dialoguer avec Emmanuel Macron, c’est qu’il est sourd comme un pot, qui plus est, un pot de fer. Et aussi creux. Le pauvre garçon est non seulement atteint d’une profonde surdité de classe mais vide et mal embouché. Y a rien à en tirer. Il est blindé du caisson et rien d’humain ni de sensé ne sortira plus de ce bocal d’une vacuité sidérante. Qu’il continue à s’agiter devant les caméras de la propagande, à trahir systématiquement nos intérêts nationaux pour s’aplatir toujours plus devant Ursula Panzer-Leyen, à faire le beau pour les dindons de la farce et à sniffer de la poudre d’escampette entre deux fourgons de CRS. Nous, on prend de l’avance. Notre avenir est ailleurs.

Et on ne manque pas de chantiers. Une constitution à écrire, de nouvelles institutions à imaginer, un nouvel ordre économique à mettre en place dans les têtes d’abord, puis sur le terrain, des services publics à réinventer. Un pays à remettre debout, à arracher aux griffes de la Commission européhyène, à extirper de la fosse néolibérale. Des oeillères à arracher donc et un paquet de merdeux malfaisants à rectifier. Avec en prime, une petite balayette aux États-Unis et à l’Otan, nos faux-amis aux dents éclatantes. Voilà un horizon moins sombre et vraiment souverain à dessiner pour des classes moyenne et populaire à nouveau fières de taffer ensemble, utile, national et équitable. Diminuer la pénibilité des boulots de merde mais essentiels tout en éradiquant les jobs à la con prestigieux et grassement payés. Redonner à nos compatriotes le goût d’être français sans tomber dans le chauvinisme cochonou ni le cocorico des podiums. Bref imaginer autre chose mais à partir du déjà-là, histoire de ne pas partir en sucette dans je ne sais quel délire utopique réactionnaire. Tout un programme!

Vous allez me dire, parce que vous êtres d’indécrottables matérialistes dialectiques biberonnés à l’Histoire, « c’est bien gentil tout ça mais pas très concret ». Je vous le concède mais je n’ai pas la solution clef en main. Seulement quelques pistes qu’on essaye de suivre dans Libres Commères pour ne pas continuer à creuser au fond du trou avec les castors ni à alimenter la machine à perdre de la gauche fréquentable… par le pouvoir macroniste. 

Par les temps qui courent, être infréquentable, ça tient plutôt du compliment. La casserolade, c’est peut-être mal élevé mais mieux vaut être un sale gosse turbulent qu’un enfant sage qu’on mène au bagne car c’est bien ce qui attend les tièdes et les mous. Les 64 ans, ce n’est qu’un début. Le pot de fer a encore quatre ans devant lui pour nous écraser sous le talon du même métal. A ce propos, je vous conseille de lire si ce n’est déjà fait « Le Talon de Fer » de Jack London, et la lettre que Trotsky a écrite en 1937 à la fille de l’écrivain. Rien de réjouissant mais rien ne sert non plus de se bercer d’illusion face aux dangers d’un monde décadent. Les hyènes ne nous feront pas de cadeaux. Les chacals non plus.

Alors d’un côté, on résiste à la propagande néolibérale, on détricote ses éléments de langage et dès que l’occasion se présente, on tambourine contre le pot de fer (y en a plein le centre-ville de Dole qui sonnent comme des cloches) pour monter un peu dans le classement des 100 jours du zbeul. 

De l’autre, on explore ce qui se fait de bien autour de nous, on fait des propositions originales et on agit à notre échelle. Là, encore les chantiers de manquent pas. 

J’en profite pour saluer l’arrivée dans nos colonnes d’un nouveau contributeur que vous pourrez découvrir juste après cet édito. En dehors de l’article, Jean-Luc apporte des idées nouvelles qu’on va essayer de mettre en pratique, à savoir une mutualisation des papiers avec d’autres médias alternatifs. On avait déjà un peu coopéré avec la regrettée Kawa TV. L’idée, c’est d’augmenter la variété des articles que l’on propose et d’étendre notre lectorat pour les articles de fond car bien évidemment, les frasques et les dérapages de nos élus locaux n’intéressent pas vraiment la France entière.

D’une manière générale, je constate que les médias alternatifs et plus encore les twittos se laissent volontiers hameçonnés par les idioties gouvernementales, et les ministres nous en servent à la pelle de ces débilités, Bruno Le Maire en tête, quand c’est pas Hanouna, Véran ou Duhamel. A croire qu’ils le font tous exprès pour nous faire oublier l’épisode des retraites. C’est une surenchère à la bourde en série et aux bobards à la chaine à un rythme que Naomi Klein n’avait pas prévu. Cela dit, si on ne se privera pas de signaler nos produits locaux en matière de bavures, les deux autres axes éditoriaux de Libres Commères restent le témoignage gonzo qui jaillit du terrain et les propositions politiques pour un monde moins merdique que l’horreur qu’on nous cuisine chez Bilderberg et Xi Jinping. 

Alors on se démerde pour enterrer leur monde tout pourri et on prévoit l’avenir à notre manière.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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