Mode sombre

Un article du progrès paru le 16 mai revient sur une affaire survenue deux mois plus tôt. Dans ce dernier épisode, le maire de Dole explique avoir porté plainte pour "intimidation" suite à des feux allumés sur le trottoir de la rue de sa résidence, en marge d'une manifestation nocturne contre la réforme des retraites. 

Heureusement, plus de frousse que de mal, les feux de cartonnette étaient "à bonne distance de la façade" et rapidement balayés par les lances à incendie des pompiers, tout comme l'avait été d'autres feux allumés lors de la déambulation entre la place Grévy et la Gare. Un manifestant m'a expliqué avoir quitté le cortège, et il n'était pas le seul d'après lui, à cause de cela : la déambulation tenait plus du défouloir que de la manifestation et elle mobilisait bêtement un camion de pompiers et son équipage. 

L'article nous apprend que ce ne sont pas les seuls moyens humains et techniques mis en œuvre. La vidéosurveillance a été utilisée pour identifier les participants, le maire estimant : "ils n'ont rien à faire devant chez moi". 

Voilà qui rassurera les  dolois•es qui pouvaient s'inquiéter de savoir à quoi sert  ce lourd investissement que représente le réseau de caméras de surveillance et qui ne semble pas toujours rendre les services attendus. Il est utilisé pour identifier les auteurs de troubles sur les trottoirs de rues au nord de la voie de chemin de fer. Mais l'identification des tapageurs nocturnes n'avance pas beaucoup le procureur qui semble embarrassé avec la notion même "d'intimidation", qui n'est ni du harcèlement, ni des menaces, ni des injures. 

Juste après les faits de cette nuit-là, lors du conseil communautaire, le maire de Dole a pris la parole pour s'en plaindre en regrettant que les élus d'opposition, auxquels il apprenait les faits, ne lui aient pas apporté son soutien. La droite, qui balaie systématiquement d'un revers de la main tout avis de son opposition, se plaignant cette fois-ci qu'elle ne l'ait pas donné: la ficelle est un peu grosse et le marionnettiste mal dissimulé. 

L'orchestre de la majorité municipale réitérait pourtant cette complainte dans sa tribune du magazine municipal d'avril qui annonçait à sa manière Cirque et Fanfares. 

Changeant son fusil d'épaule c'est, dans ces dernières déclarations, les membres d'un syndicat qui servent cette fois de cible. Et ce, quelques semaines après un acte de violence dont l'un d'eux aurait été  victime en interpellant des élus locaux au sujet des retraites. 

Ceux-ci s'estiment injustement assimilés à des pro-réforme, et soufflent sur les braises des faits divers pour faire diversion. 

Dans les rangs du large éventail local de l'union des droites et du centre, certains sont pourtant dans le camp présidentiel qui avait apporté son soutien au maire sortant. Chez LR, certains ont milité pour la candidate aux présidentielles qui soutenait la retraite à 65 ans et qui se félicite de la position de soutien de son parti à la réforme. D'autres ont soutenu des lignes différentes à l'intérieur de leur parti et tiennent à apparaître comme une opposition au gouvernement. 

Sans position commune  autour de la réforme des retraites, les droites semblent réduites à parler d'autre chose. Syndicalistes ou élus d'opposition, l'ennemi commun  varie selon l'opportunité donnée par l'actualité. Les représentants des droites locales font front non pas pour des idées, mais contre des personnes.

 


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À propos de l'auteur(e) :

Nicolas Gomet

Scientifique polyvalent et explorateur des institutions locales.


Élu écologiste au conseil municipal de Dole

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