Mode sombre

Comme chaque année, fin août, je cours à la Maison de la Jeunesse et de la Culture de Dole pour renouveler mon adhésion. Comme à l’accoutumée, une femme agréable me reçoit et met à jour mes coordonnées. Puis, elle me demande : « avec ou sans la carte cinéma? »

Je suis quelque peu interloqué. En effet, c’est la première fois qu’une telle question m’est posée lors de mon adhésion à la MJC. Mon adresse, oui, mon mail, oui, mais le cinéma, bah ça va de soi vu que depuis toujours j’aime me rendre aux séances ciné ou aux soirées ciné de la MJC… et c’est aussi pour ça que j’adhère à la MJC. Pas simplement parce que je pense qu’il faille permettre à une telle association dite d’éducation populaire de s’installer et d’être forte sur notre territoire mais aussi pour me permettre de m’élever cinématographiquement. Je n’ai rien contre les Tuche ou autre Avatar mais je me dis qu’un petit Dupieux ou un petit Nanni Moretti de temps en temps fait aussi du bien à ma culture, m’élève en quelque sorte. (NB : éducation vient du latin « educatio », façon d’élever, c’est l’action de former et d’enrichir la pensée d’une personne, « populaire »  : qui appartient au peuple, qui le caractérise, qui est répandu parmi le peuple. Comprend qui peut  !) Je reprends, donc, que répondre à cette question à part un « oui » , pour les explications données plus haut. 

La charmante dame me répond: «  très bien, ça fera 24 euros. 

–  Heu… je savais la MJC déficitaire mais presque 60  % d’augmentation, ça fait mal. Combien, vous me dites?

–  Et bien… 14 euros d’adhésion + 10 euros de carte cinéma, ça fait 24 euros. Et pour information, la place de cinéma est passée de 5 à 6 euros.

–  Au profit de la MJC, cette augmentation?

–  La carte, oui, l’augmentation, non… » 

Alors voilà, je suis en possession d’une adhésion à 24 euros, avec un ciné qui me coûtera plus cher en faveur de l’industrie cinématographique d’un ciné vétuste et fatigué (même si je l’aime bien, ce ciné) pour soutenir une association dite d’éducation populaire. On marche sur la tête.

Mais n’est-il pas du rôle des collectivités de palier les déficits des associations de services à la population? Qui aujourd’hui, à part les nantis, peuvent prétendre investir 24 euros dans une association? De vous à moi, je préfère mille fois que mes impôts fonciers et locaux servent à payer des assos d’utilités publiques qu’à payer son dirigeant pour déposer trois gerbes et serrer des paluches dans les grand-messes que la ville organise elle-même pour se féliciter de diriger une ville active pleine d’événements. Il est à rappeler que les élus font partie du Conseil d’Administration qui ont voté ces décisions d’augmentations. 

Bon je passe sur l’offre culturelle, ce n’est pas le sujet, mais...

Et la culture, parlons-en de la culture. Depuis l’Alex, on est plus sur le thème baraque à frites et bière à flot que culture pour tous à moindre coût. 

À quand le retour aux vrais saltimbanques d’antan, du temps de ce monde moins consumériste et peut-être un petit peu moins capitaliste, s’il a pu exister  ?

Bref, j’ai ma carte à la MJC.

Yann Aunpeuplusjevousl’metquandmeme.

NDLR: Cet article a fait l’objet d’une réponse de la MJC.


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