Mode sombre

Y a de l’eau dans le gaz depuis longtemps entre Bono, le porte-parole de U2, et Roger Waters, l’ex-Pink Floyd. Dès le 9 octobre dernier, sous le coup de l’émotion, Bono avait rendu hommage aux victimes tombées sous les balles du Hamas (« Tôt le matin du 7 octobre, le soleil se lève dans le ciel du désert… Étoiles de David, ils vous ont pris la vie mais ils n’ont pas pu prendre votre fierté » sur l’air de Pride), rappelant que U2 avait toujours prôné la non-violence. Ça se passait à Las Vegas où U2 était en résidence dorée et en concert à millions pour l’inauguration d’une méga salle de spectacle. Waters est quant à lui beaucoup plus engagé côté solidarité avec les Palestiniens et ouvertement anti-sioniste, ce qui lui vaut régulièrement des accusations d’antisémitisme, une grande classique. Bon, disons que Bono n’a jamais prétendu être un révolutionnaire, tout juste un romantique révolté vaguement punk à ses débuts, prompt à traiter Chirac de trou du cul lors des derniers essais nucléaires en 1995 qui l’a pourtant décoré quelques années plus tard. Bono aime les grandes causes sans risques, les honneurs et les officiels. Pour le reste, le capitalisme américain lui va comme un gant: U2 a d’ailleurs toujours investi très sagement son pognon sans des affaires fructueuses et pratiqué l’évasion fiscale vers les Pays-Bas. Deux jours après l’attaque du Hamas, il était mal venu pour un pacifiste humanitarien de réaffirmer son soutien à Israël en public. En incendiant Bono comme il l’a fait, Waters use de l’invective de manière outrancière et probablement contre-productive. Si je suis sur la même longueur d’ondes que Waters sur la géo-politique internationale, surtout pour  son indéfectible soutien à Julian Assange, je pense que Waters ferait mieux de passer sous silence l’ignorance de Bono et ses prises de position à la con pour continuer à s’en prendre aux vraies salopards. Quant à Paul Hewson, en tant qu’irlandais, membre d’un peuple qui a subi la colonisation britannique et l’oppression ethnique pendant des siècles, il ferait bien de lire quelques livres sur l’histoire du proche-orient.  


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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