Mode sombre

Elle est décidément formidable, Justine Gruet. Elle accouchait d’un enfant le 2 février et dès le 6, d’une question au Ministère de la Justice, la N° 14894 où elle interroge le Garde des sceaux « sur le fait qu'une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans et d'une injonction de soins, puisse avoir la possibilité de devenir père lors de sa détention ». Eh oui! C’est une question cruciale et ça devait la travailler pendant sa grossesse. « Il est facile d'imaginer l'écoeurement ressenti par l'annonce d'une telle paternité aux parents et aux proches des victimes et au-delà, de toute personne dotée d'un minimum d'empathie. Au contraire, il est difficile de comprendre comment un prédateur peut bénéficier, au sein d'une prison, d'un accès à un salon familial qui permet d'avoir des relations sexuelles, contrairement au parloir. Si ces dispositifs de salons familiaux et d'unité de vie familiale se sont généralisés depuis la loi pénitentiaire de 2009 pour favoriser la détention des détenus (NDLR: ou plus exactement la détente des détenus), il paraît surprenant de les autoriser à des détenus ayant un profil aussi déviant. Pour en bénéficier, il faut que la personne qui visite le prisonnier soit membre de la famille ou bien qu'elle soit venue à trois reprises au parloir classique. On peut s'interroger sur la légèreté de cette dernière condition qui paraît plus que discutable au regard des procédures restrictives de liberté pour la détention d'un condamné à la réclusion à perpétuité. D'autre part, cette possibilité d'avoir accès à un salon familial ou à une unité de vie familiale est soumise à l'accord du magistrat saisi du dossier de la procédure. Là encore, on peut s'interroger sur la pertinence de cette prise de décision. » Justine Gruet se demande donc à juste titre si « le Gouvernement entend durcir les conditions d'accès aux salons familiaux et unités de vie familiale pour éviter qu'ils ne deviennent des lupanars et s'il envisage de généraliser la castration chimique dans les injonctions de soins prescrites aux violeurs d’enfants ». Je ferai simplement remarquer à la jeune maman LR que ce n’est généralement pas au lupanar qu’on conçoit les enfants. Pas plus que dans les douches des maisons d’arrêt. Et il est évident que des femmes qui pourraient être tentées de faire un bébé avec des violeurs d’enfants devraient bien sûr faire l’objet d’un suivi psychologique et moral dès leur prochain passage au parloir. Quelque part, nous sommes donc d’accord. CM 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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