Mode sombre

À MARCHE FORCÉE.- Ce samedi matin, je déambulai comme à l’accoutumée, dans notre chère Présipauté pour y aller faire vivre quelques pauvres commerçants de la Rue de Besançon. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris que je ne pusse (NDLR: figure de style à l’entière responsabilité de son auteur) remonter cette rue à contre-sens sur le trottoir trop encombré de publicité appâtant le chaland. Je décidai, donc, de m’introduire avec douceur et volupté sur la petite parcelle roulante de cet itinéraire partagé. Après une insulte fort bien menée de cet automobiliste perspicace et fin, de l’acabit d’un Fangio eu égard à la vitesse engagée sur cette partie de rue, « eh connard, t’as pas vu les trottoirs ? » (et poète en plus...), je me suis rappelé que cette voie était, par arrêté municipal, interdite au contre-sens cyclable. Et de là naquit la plus lumineuse des idées : Pourquoi la Mairie, et monsieur le Maire en tête de file, n’interdiraient-ils pas cette rue au contre-sens piéton ? Les piétons seraient autorisés à s’y rendre par la rue Arney, puis prendraient le haut de la rue du Parlement pour arriver place Grévy, puis tourner à droite pour finir en haut de la rue de Besançon. Facile. En voilà une idée qu’elle est bonne, non ? Jean Marcheseul.

ET MAINTENANT ON FAIT QUOI?- Ceux qui nous suivent en manif connaissent cette question que nous posions l’an dernier déjà et ce mois-ci, c’est le magazine Frustration qui la ramène sur le tapis. On partage pas mal de points de vue avec Frustration : on y parle sans complexe de bourgeois, ce qui permet de bien cadrer l’adversaire, tout en visant une société sans classe. Le numéro papier annuel vient de sortir et il y a matière à lire, à réfléchir et à sourire, ce qui ne gâte rien. Vlad Poutou.

LES TRANSCLASSES NOUS INTERROGENT.- Chantal Jaquet sur Élucid et Nicolas Framont dans Frustration s’intéressent tous les deux au phénomène des transclasse, ces évadés sociaux que la propagande bourgeoise se plait à mettre en avant pour nous faire croire que l’ascenseur social fonctionne pour les méritants. Or ces exceptions sont des miroirs aux alouettes. Framont rappelle très justement l’exemple de Billy Elliott qui s’extirpe de chez les prolos anglais grâce à la danse classique. Mais son père et son frère doivent abandonner la grève historique des mineurs contre Thatcher pour pouvoir envoyer le jeune Billy à l’Académie royale de danse. Ce film m’a toujours déchiré le coeur (je l’ai vu à de nombreuses reprises) et je comprends aujourd’hui le venin qu’il porte en lui. Dans la séquence finale qui se déroule des années plus tard, le père et le frère de Billy vont le voir danser à Londres. Ils retrouvent également le meilleur ami de Billy, Michael qui s’était ouvert de son homosexualité à Billy qui l’avait soutenu: Michael a lui-aussi quitté les corons de Durham pour s’épanouir à Londres à la manière d’un Johnny-belle-Gueule d’Édouard Louis. Le film fait donc coup double : pour devenir eux-mêmes, les deux ados ont dû fuir leur milieu social. Les prolos y sont bien braves mais la vie est ailleurs. Bref, voilà de quoi aborder la lutte des classes sans en avoir l’air. Aimé Seskia de Plubo.

ASSOCIATION STRESSANTE ET CHRONOPHAGE.- Le capitalisme est décidément hyper-résilient et question subversion, il se pose là. On apprend donc par voie de publicité (YouTube et Meta), que l’OHME propose le CRM, un outil informatique formidable pour gérer votre association. C’est gratuit pendant 15 jours et ensuite 20 euros par mois (minimum tout de même). Fini la paperasse et les galères administratives ! Pouf pouf : on reprend depuis le début. L’association est à but non lucratif et ses membres sont bénévoles. Il n’y a que les grosses assos qui deviennent employeurs et on pourrait déjà contester le principe de l’intérêt général dans le cadre associatif mais pas aujourd’hui. La bureaucratie a inventé des protocoles de contrôles pour que l’argent des associations n’aille pas dans les mauvaises poches et ça prend tellement la tête à certains bénévoles qu’ils ont besoin de logiciels payants pour gérer le bouzin. Euh… il est où le problème? Eh bien résoudre la complexité administrative par un service lucratif dans la sphère associative, c’est tout bonnement de l’escroquerie. Accepter ce genre de solutions payantes, c’est cautionner la bureaucratie financée avec nos sous et « en même temps » le capitalisme qui fait du profit sur ce qui en principe devrait lui échapper : le monde associatif, non lucratif par essence. C’est l’administration qu’il faut simplifier à la base et pas proposer des sorties de secours juteuses devant le pataquès. Attention au piège ! Huguette Heutechair.

RETOUR SANS GRACE.- On va regretter le temps où Justine Gruet était en congé maternité. Voilà que son groupe LR, vous savez les Républicons, se sont mis en tête de déclencher un RIP « référendum d’initiative partagée » pour… réponse A : changer la constitution, réponse B : interdire la défonce dans les plus hautes sphères de l’État, réponse C : sortir de l’UE, réponse D : réformer l'accès aux prestations sociales des étrangers. Suspense… pas vraiment, on finit par être habitué. Et emportée dans son élan, l’ancienne basketteuse soutient un autre projet de loi pour mettre fin à l’interdiction de cumul des mandats au prétexte que l’interdiction du cumul des mandats serait « à l’origine de la déconnexion de certains élus qui ne comprennent pas les difficultés que les normes qu’ils votent peuvent créer ». Oh la bonne blague ! Si les certains élus nationaux sont déconnectés du terrain, c’est parce que leur classe sociale ne touche plus terre et qu’ils ne font pas le travail d’interface qu’ils sont censés assurer. A partir de là, une alternative : soit ils sont incompétents et mal entourés, soit ils s’en foutent et se contentent d’encaisser le pactole. Où se situe donc la députée qui cherche à faire preuve d’esprit de synthèse ? Laurie Culler.


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