Venus de toute l'Europe, même du monde entier, les défenseurs de l'eau se sont donnés rendez-vous dans le Poitou du 15 au 21 juillet. Une mer de tentes à perte de vue, une organisation hors du commun pour accueillir plus de 10000 personnes dans le village de Melle « village de la Solidarité internationale ». Cette municipalité courageuse et militante a permis le rassemblement de gens déterminés à marquer leur refus des projets de bassines mais aussi de toute cette société capitaliste. 

Il faut faire preuve de patience pour manifester contre les mégabassines : plus de 3000 policiers, 21 unités de forces mobiles, 5 hélicoptères, des dizaines de drones, et même la police montée nous attendent de pied ferme. Un véritable parcours du combattant, un jeu de cache-cache avec les forces de l'ordre qui se délectent de nous faire vider à chaque barrage, les sacs, tentes, duvets, coffres…. une fouille approfondie de tous les véhicules et même parfois une fouille au corps pour au final saisir toutes nos « armes de destruction massive » comme parapluie, sardines de tente, lunettes de plongée, masque FFP3, déo en aérosol jusqu' aux serviettes hygiéniques qui peuvent « servir de masque de protection »!!!

Les deux grosses manifestations de la semaine prévues le 19 et le 20 ont évidemment un parfum de revanche sur Sainte-Soline. Cette fois encore les policiers ont ordre d'empêcher de manifester par tous les moyens même en nous empêchant de dormir par le ballet incessant des hélicoptères au-dessus des tentes jour et nuit. 

Dès la première manif près de Poitiers, le ton est donné ; la gendarmerie n'hésite pas à mettre le feu à la paille d'un champ fraichement moissonné pour empêcher la progression du cortège qui avance vers une grosse coopérative agroalimentaire Serrena. Nous devons bien sûr rebrousser chemin devant un mur de flammes de plus en plus menaçant, déçus et abasourdis devant une telle violence. Le lendemain, nouveau rassemblement cette fois pour bloquer le port industriel de La Rochelle,  énorme zone d'exportations et en particulier la coopérative céréalière Soufflet, un des plus gros négociant en céréales qui spécule sur le dos des paysans. Nous décidons de partir dés 5h00 du matin afin de déjouer les innombrables barrages mais nous sommes tout de même contrôlés et fouillés 8 fois jusqu'à La Rochelle. Après de longues heures d'attente, le cortège d'environ 8000 personnes s'élance en direction du port mais rapidement nous nous trouvons devant un mur de blindés et de CRS qui nous demandent de faire demi-tour alors que des camions et des policiers en armes bloquent la sortie. Nous voilà donc nassés ( pratique totalement interdite en théorie) sous les tirs incessants de lacrymos, grenades de désencerclement et assourdissantes pendant plus de 20 minutes sans pouvoir bouger. Ce qui n'empêche pas les CRS de matraquer et gazer à bout portant les personnes en fin de cortège (femmes, enfants et personnes en fauteuil) ! 

Les CRS nous laissent finalement repartir vers notre point de départ, pensant nous avoir fait passer l'envie de manifester mais plus déterminés que jamais, nous prenons un autre itinéraire le long du front de mer qui nous permet de rejoindre un convoi de tracteurs qui a réussi à bloquer le port dans la nuit.

Une fois encore, notre futur ex-ministre des armées a démontré son acharnement, sa détermination à mater les manifestants par une violence sans limite, alors que notre seule revendication reste le moratoire sur la construction des mégabassines.  

L'eau appartient à tous ou à personne !

Mélusine.

Une vidéo de Camille Reporter permet de mettre des images sur ce récit.