Société

Confinée à l’anglaise

Publié le 18 avr. 2020 à 16:02 | Écrit par
La Rédac'
| Temps de lecture : 03m02s

Charlie vit à Royal Leamington Spa et elle fait ses études à Warwick, pas très loin de Birmingham, au Royaume-Uni. Alors que Boris Johnson, le premier ministre qui donne l’impression de sortir d’une version senior du film « Elephant » de Gus Van Sant sort en fait du service de réanimation, la jeune étudiante nous raconte comment les Anglais prennent cette affaire de confinement avec un flegme très british.

 

En Angleterre, comment vit-on le confinement ? Plutôt bien, je dirais. Au contraire de la France, qui nous donne l’impression de virer au cauchemar, le gouvernement anglais a plutôt pris l’option du je-m’en-foutisme. Je m’explique. Hier, plus de trois semaines après l’annonce du confinement (qui était censé durer trois semaines), toujours pas de nouvelles de notre cher premier ministre. Soit, il est en rémission. Du coup, on nous a balancé la nouvelle de trois semaines supplémentaires de confinement, trois jours en retard, à travers plusieurs articles de presse. On nous a également fait part, à travers un document officiel de la police, des dernières règles à suivre.

 Et là vraiment, c’est le scoop du siècle. D’après ce document, il serait jugé raisonnable de sortir pour aller au supermarché et acheter de l’alcool, mais par contre il serait interdit d’aller « acheter de la peinture et des pinceaux, simplement pour redécorer la maison. » Je répète, au cas où vous n’auriez pas saisi. Un document officiel de la police nous précise qu’il serait peu raisonnable d’aller au supermarché pour acheter du matériel pour redécorer la maison. J’ai cru que c’était un canular ! D’autre part, on nous autorise, pendant une longue séance d’exercice, à prendre une pause (et même à faire un pique-nique), mais surtout pas à s’asseoir sur un banc (le virus est décidément trop volatile). On se demande après pourquoi les gens ne prennent pas ces règles au sérieux. 

D’ailleurs, nombreux sont ceux qui continuent à sortir de chez eux, et à s’asseoir sur des bancs ! Surtout des personnes âgées qui ne laissent pas la situation déranger leurs habitudes. C’est peut-être parce que dans notre petit bled, Royal Leamington Spa, je n’ai pas encore vu de contrôles de police. Certes, je ne sors que très peu. Jusqu’ici, je n’ai vu qu’un seul policier, à vélo, l’autre jour, quand je me baladais près du canal. Il devait être fraichement sorti de l’académie (NDLR : école de police), je crois qu’il a eu un peu peur de nous. Bon, sans se moquer, il nous a regardé passer, sans rien demander. Trois jeunes filles à se balader ensemble, mes deux colocataires et moi. Il aurait pu tout de même nous demander si on habitait ensemble, non ? Même l’agent de sécurité au supermarché ressemblait plus à un flic. En y repensant, peut-être que lui aussi faisait sa séance d’exercice journalière (en uniforme !)

Vu que les règles sont un peu confuses, les gens ne savent pas trop où donner de la tête. Il y a quelques semaines, le gouvernement a changé les consignes directrices. Avant, c’était seulement les key workers (travailleurs indispensables) qui pouvaient se déplacer pour se rendre à leur lieu de travail. Maintenant, le site web du gouvernement précise que n’importe qui a le droit d’aller travailler, à moins de pouvoir faire du télétravail. Du coup, le jour suivant, le tube, comme on dit ici, (le métro de Londres, quoi !) était bondé. Autant vous dire que c’est du grand n’importe quoi ! Cependant, je ne saurais vous décrire la situation à Londres. J’entends que les rênes se resserrent peu à peu. Par exemple, le Thames Path qui permet de traverser Londres en longeant la Tamise, la rivière londonienne, est dorénavant fermé pour les cyclistes de 10h00 du matin à 6h00 du soir, et les contrôles policiers y sont de plus en plus fréquents. 

Ces mesures sont-elles positives ? Difficile à dire. En tout cas, je ne pense pas qu’elles nous atteindront en zone rurale. Quant à moi, je vais profiter du temps libre pour repeindre ma cuisine. Nan, je rigole ! 

 

Charlie Martin



À propos de l'auteur(e) :

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