Voici mars, qui annonce le renouveau par la sève qui monte dans les végétaux, et le renouveau, le printemps... Dans l’antiquité romaine, Mars, c'était le dieu de la guerre, et il n'a pas chômé depuis le temps, et il reste malheureusement toujours d'actualité, et en activité, vivement qu'il ait tous ses trimestres, et qu'il dégage à la retraite, à taux plein, et place aux jeunes, ou que son poste soit délocalisé dans un autre espace-temps, où il ne sera plus en mesure de nuire à quiconque...

Ma fille, en revenant d'un voyage scolaire à Bruxelles, était enchantée d'avoir visité cette «  belle ville, mais bien trop sale, il y a des déchets partout » selon elle... Et pourtant, elle n'a même pas eu l'occasion de rencontrer des députés du Parlement européen, mais c'est bon, la corbeille est pleine en terme de déchets visiblement. Bienvenue dans le monde du consommable-jetable-sans recyclage.

Elle a pu faire un tour au musée Tintin… bon... elle était contente. Je lui ai évoqué quelques détails sur le dessinateur Hergé, et qu'il avait connu quelques problèmes, en 1945, car il aurait eu trop de complaisance avec l'occupant nazi… mais passons, c'est du passé. 

Je lui ai parlé entre autre de Greg, l'auteur d'Achille Talon, dont la verve enflammée et les propos dithyrambiques font bon ménage dans son discours fourni, voire homérique, et toujours adapté à la situation, et selon moi rempli d'un humanisme social peu courant dans la célèbre école belge de la BD. L'univers de Greg, c'est le nôtre.

 Achille Talon, fils d'Alambic Talon (dont son goût pour les boissons alcoolisées génère chez moi une  sympathie certaine, mais serait moralement banni de nos jours dans des BD à destination d'enfants et d'adolescents, « Cachez ce vin que je ne saurai boire!  ») est souvent en conflit avec son voisin (on ne les choisit pas, à l'instar de la famille), Lefuneste, qui est un cuistre, et qui a toutes les caractéristiques du réactionnaire aigri et revanchard (... encore  ? Cf l'article «  la revanche des têtes à claques  »dans ce même média, ou décidément, on peut parler de tout et de n'importe quoi...).

Mais ce n'est pas n'importe quoi, en fait, le monde d'Achille Talon, c'est une analyse socio-politique extrêmement fine, et drôle, décrivant la nature des rapports sociaux et humains, et donc de leurs divergences occasionnellement, de conflits éventuels, notamment au travail, et du quotidien.

La meilleure leçon, s'il doit y en avoir une dans l'oeuvre de Greg, c'est lorsqu'Achille Talon (qui a forcément à minima une faiblesse, ou un point faible) entre chez Vincent Poursan, le commerçant sans scrupules, portant toujours un béret de milicien vichyste, et suite à la salutation  interminable et quasi-biblique «  Bonjour cher commerçant... » (je résume la bulle prenait presque tout le cadre), le commerçant répond en se frottant les mains « Bonjour victime  »... Cela en dit long sur la réalité du libre marché et de ses lois, que les grands marchands, les capitalistes libéraux ont validé et mis en place, sans consulter le peuple, et à grand renfort de corruption des élus, sensés, dans notre système, être à l'initiative comme à la rédaction et à l'application de ces dites lois...  Mais le lobbying se charge de  tout...

Greg a tout dit du système, et du fondement de ses motivations en deux mots... Il m'a fait réaliser et prendre conscience très jeune, ce que je ne suis plus, de ce problème fondamental, caché derrière le libre échange et la loi du marché:  si le commerce n'est pas régulé, il conduit à une relation disproportionnée et inégalitaire profiteurs-victimes...

En clair, camarades, ce système a pour objectif de nous «  niquer  » sur toutes «les lignes», «failles» ou «trous »...

Va-t-on les laisser faire, tels des agneaux promis à l'abattoir, les pattes liées, en continuant de brouter sans penser plus loin, alors que la morale, l'humanisme, l'équité et la justice sont notre combat  ?

Hasta... Siempre…