Face aux machines

Publié le 04 févr. 2024 à 11:00 | Écrit par
La Rédac'
| Temps de lecture : 01m44s

N’ayant ni lu le roman, ni vu le film L’Établi, je ne sais pas si le protagoniste avait les mêmes sentiments que moi à l’idée d’entrer à l’usine. Toutefois, appartenant moi aussi, à un mouvement de gauche ayant pour objectif la révolution sociale, il peut y avoir des similitudes. 

La première fois que j’ai travaillé à l’usine, je devais avoir 17 ou 18 ans et j’étais déjà révolté par l’usine et en même temps, je la concevais comme point de départ d’un mouvement social, ce qui me berçait d’illusions. Comme Flahaut (1), j’ai eu l’occasion de lire avant l’arrivée à l’usine. Mais je ne lisais alors pas de roman. Je venais de terminer le premier tome du Capital de Karl Marx, ainsi que le Manifeste de Marx et Engels. Ce n’étaient pas les machines qui m’effrayaient le plus, même si j’ai assez vite commencé à prendre en compte certains dangers, c’était l’ordre. Pas le fait que les choses soient ordonnées, mais la surveillance. Je grognais tous les jours devant la pointeuse et j’étais révolté en pensant à combien s’élevait notre taux d’exploitation pour une journée de travail. 

Ce que j’ai vite appris aussi, et que Flahaut décrit bien, c’est l’ennui face à la monotonie des tâches. Peut-être comme Linhart, j’ai essayé, quand j’avais 18 ans, de transmettre ma révolte en expliquant ce que j’avais lu dans le Capital ou le Manifeste. Les réactions étaient variées, l’oreille plus ou moins attentive , la patience d’écoute plus ou moins poussée, l’envie plus ou moins forte de faire preuve de compréhension face à mes idées qui parfois « tombaient sous le sens » pour certains, mais beaucoup de doutes, de résignation ou simplement d’acceptation et de contentement.

On peut dire qu’aujourd’hui, je suis plus canalisé et prudent, peut-être un peu attentiste ou résigné, même si mes convictions sont restées. En tant que futur technicien de maintenance, je ne suis peut-être, sûrement, pas autant absorbé par la machine que l’opérateur. Aujourd’hui, je pointe sans pester, je ne m’ennuie pas, j’accepte beaucoup de choses, plus dans la forme que dans le fond.

Cédric Detellot.

1) Thomas Flahaut,  «Robert Linhart m’a ouvert au monde de l’usine», le Temps, 25 mai 2018



À propos de l'auteur(e) :

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Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...

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